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CUBA SI

Escale à Santiago de Cuba du 31 janvier au 7 février 2011

 

Lundi 31 janvier :

En provenance de St Domingue et via une escale manquée au Silver Bank, nous longeons la côte sud est de Cuba depuis le lever du soleil.

Nous terminons les œufs au ptit déj’, car nous craignons de nous les faire confisquer à l’arrivée.

Vers 10h le vent tombe et après la toilette de l’équipage, nous rentrons les voiles et démarrons les moteurs, car nous préférons arriver avant la nuit à Santiago.

Nous essayons de contacter la marina à la VHF sans succès, par contre nous sommes intercepté par une vedette américaine en passant devant Guatanamo, nous sommes dans les eaux territoriales. Nous étions occupés et nous ne les avons pas vu, ni entendu, venir. Etienne sortait du carré et s’apprêtait à balancer sa peau de banane par dessus bord, il a retenu son geste, cloué par la surprise. Heureusement, elle aurait pu atterrir sur les raybans du mec qui nous tient en joue avec sa mitrailleuse. On n’en mène pas large avec une mitrailleuse pointée sur nous, ils sont tous armés et équipés d’un gilet pare balles, ils veulent savoir notre nationalité.

Décidemment, depuis Porto Rico, les Ricains nous en veulent, nous avons même été survolé par un hélico hier.

Remis de nos émotions, je débite le jambon cru en morceaux, pour la même raison que pour les œufs, on ne sait jamais. L’os a fait le bonheur des poissons locaux.

Nous renvoyons les voiles pour accélérer, la côte est déserte et manque de végétation.

L’entrée de Santiago est superbe à défaut d’être large, un formidable fort espagnol, le castillo del Morro, défend la passe (il est classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO).


Castillo del Morro

La baie de Santiago est une petite mer intérieure avec de multiples bras et recoins, c’est magnifique.

Nous avons la surprise de croiser plusieurs Cubains installés sur des bouées de camions, ils pêchent à la ligne, nous apprendrons plus tard que les Cubains n’ont pas le droit d’avoir de bateau, alors ils se débrouillent !

T'as vu mon beau bateau de pêche !

Les autorités nous ont répondu à la VHF et nous attendent sur le ponton de la marina Punta Gorda qui est juste en face de l’entrée, nous n’avons pas le droit d’aller ailleurs. Quelques pontons en béton accueillent quelques bateaux, mais il n’y a pas foule.

La marina Punta Gorda

A part du côté des autorités, car c’est bientôt le défilé des uniformes : immigration, santé, agriculture, puis une armée de douaniers avec un chien anti drogue. Chacun fait son boulot sérieusement, mais l’ambiance est décontractée, nous faisons ami ami avec la chienne, c’est dire !

Je fais le tour du ponton et recueille déjà quelques renseignements utiles auprès des bateaux voisins.

Bruce ne perd pas de temps et se prépare pour sortir ce soir, il ne veut pas perdre une occasion de danser la salsa. Etienne et moi restons à bord pour récupérer un peu.

 

Mardi 1er février :

Après une nuit calme et reposante, la journée s’annonce belle. Pendant que Bruce et Etienne partent pour un footing matinal, ils sont fous ces jeunes, je fais le tour des pontons. J’essaie de trouver une massette pour détordre notre ancre, sans succès pour l’instant. La raffinerie voisine nous envoie une pluie de gouttes suspectes et grasses qui recouvrent les bateaux d’un beau jaune sale.

La ville est loin, il nous faut prendre un taxi. Nous commençons notre moisson de photos dans ce pays si étrange pour nous. Santiago est la 2e ville du pays, elle compte 500 000 habitants et est considérée comme le berceau de la révolution.

Viva la révolucion !

En parcourant les rues, nous découvrons des maisons de style colonial qui sont restées dans l’état des années 50, beaucoup sont délabrées et inhabitées. D'autres sont encore magnifiques

Grandeur...

et décadence !

la chambre de commerce

Nous admirons les voitures : de vieilles américaines d’avant la révolution, elles aussi dans un état parfois d’épave, à nos yeux, mais elles roulent. Ne parlons pas de la consommation et des rejets de CO2, pour ne pas choquer nos écolos de pays riche.

Etienne et la belle américaine

Bruce et la 404 !

L’hôtel Melia permet une connexion internet, mes coéquipiers en profitent aussitôt. Je me promène dans le quartier et découvre l’Alliance Française qui nous sera si utile par la suite.

Nous trouvons un jeune avec un taxi pourri qui accepte un arrangement avec nous, il sera à notre service pour un tarif moins élevé que les taxis « normaux ».

Nous rentrons vers 18h pour manger et nous préparer pour la sortie du soir. Nous voulons inviter notre chauffeur, mais il n’a pas le droit d’entrer dans la marina, interdite aux Cubains ! Nous contournerons l’obstacle et nous prendrons notre repas à la terrasse de la marina avec Yasel.

A nous Santiago de nuit.

On commence par Artex, une boîte à salsa avec un orchestre avec une flûte en instrument principal et un danseur extraordinaire qui nous en met plein les yeux. Bruce est ébloui, nous aussi. Nous devons défendre notre vertu devant les assauts de jeunes cubaines, c’est le monde à l’envers. Nous refusons de nous laisser distraire car notre danseur et ses cavalières sont exceptionnels.

On poursuit avec la Troba, l’orchestre est classe, tenue de scène, 4 chanteurs et un trompettiste solo, ils sont forts ces cubains ! Bruce fait le spectacle et le tour des cavalières, il s’en donne à cœur joie, cela fait 5 ans qu’il s’est mis à la salsa, à croire qu’il avait prémédité son coup !

 

Mercredi 2 février :

Calme et soleil, comme tous les jours.

Ce matin, nous sortons tranquillement avec notre ancre sous le bras pour la faire détordre en ville, chez un copain de Yasel. Les douaniers nous interceptent, il faut établir une autorisation en bonne et due forme et en plusieurs exemplaires. Il faut s’y faire, c’est comme ça, les cubains n’ont aucun droit, nous non plus.

Nous retournons à l’Alliance Française, où nous rencontrons le directeur Jean Reina. Il nous reçoit cordialement dans son bureau, ça lui fait une distraction. Il nous autorise à utiliser sa connexion internet qu’il met à la disposition de l’Alliance, car les Cubains n’ont pas le droit d’avoir internet. Il est vrai qu’ils n’ont pas les moyens d’avoir d’ordinateurs non plus !

L'Alliance française

Nous revenons à 14h, et pendant que Bruce se connecte, Etienne se met à l’antique piano qui trône dans le hall d’entrée. Il a du coffre le biniou et Etienne révise son répertoire en faisant trembler les murs

Etienne fait trembler les murs

Puis, nous faisons quelques courses, récupérons notre ancre détordue et passons chez les parents de Yasel qui veulent vérifier si nous sommes des gens respectables, on ne sait jamais ! L’accueil est sympa et on se retrouve vite à danser la salsa avec la grand-mère de Yasel. C’est elle la propriétaire de la voiture de Yasel, les cubains n’ont pas le droit de vendre leur voiture.

La Famille de Yasel

Nous rentrons à la marina et nous dînons avec Yasel, comme hier, puis Bruce retourne seul en ville pour danser.

 

Jeudi 3 février :

Nous faisons la queue à la banque pour changer nos euros ou dollars en CUC (les pesos destinés aux étrangers, qui valent un peu plus d’un dollar).

Avec Yasel, nous quittons la ville pour une excursion à El Cobre, nous passons un contrôle routier, c’est Bruce qui conduit, car Yasel n’a pas le droit de sortir de la ville !

Après la visite de l’église en travaux,

eglise-el-cobre-31.jpg

église de El Cobre

nous déjeunons à la caf du village, un restau d’état, où nous payons en pesos locaux (24 fois moins chers que les CUC). Autant dire que nous avons mangé pour presque rien, pour ce prix il ne faut pas être difficile et réclamer du pain, du sel ou de la moutarde, ni du vin, nous mangeons ce qu’il y a ! Poulet avec des rondelles de bananes plantin frites !

Retour à Santiago, nous n’échapperons pas au contrôle routier, ils nous attendaient certainement. Yasel s’en tire avec un avertissement, mais il n’en dira pas plus. Il n’a pas intérêt à se repointer par là à l’avenir.

Nous retrouvons Jean Reina avec lequel nous prenons un verre sur une place à la mode, puis il nous emmène dans une cantine d’état. Le personnel est en uniforme et Etienne qui est en tee-shirt doit passer une veste du personnel pour pouvoir entrer. Le menu est simple, mais il y a un guitariste et une chanteuse.

Etienne en costard

Nous rentrons au bateau avec le linge propre (2CUC), que nous a lavé la femme de Yasel.

 

Vendredi 4 février :

Notre séjour à Cuba touche à sa fin. Aujourd’hui le programme est de ramener un peu de carburant, de vivres, de connexion internet, de musique à l’Alliance française.

Yasel nous emmène en ville, mais nous abandonne, nous n’avons pas voulu céder à sa gourmandise en argent. En fait c’est surtout son père qui a du l’encourager à réclamer plus.

Nous mangeons au restau qui nous avait refusé hier pour cause de chemise, aujourd’hui c’est pour les tongs. En insistant  et avec une bière en pourboire au responsable de l’entrée, ça passe.

Etienne et Jean

Le chauffeur de l’Alliance française nous emmène au port pour acheter des langoustes et de la viande de tortue, c’est illégal, mais les Cubains aiment bien braver la police.

Bruce prend RDV avec Danielo le pêcheur pour aller chasser demain.

Nous continuons d’explorer la ville, en admiration devant les maisons, c’est bien dommage de laisser ce patrimoine à l’abandon. Les cubains n’ont pas les moyens, l’Etat leur verse l’équivalent de 15 dollars par mois, quel que soit leur travail, et de toutes façons, il n’y a rien à acheter.

Samedi 5 février :

Bruce est parti en camouflant son matos de plongée dans un sac à voile, pour sa partie de pêche qui finalement tombera à l’eau, après moult péripéties.

Nous rentrons bredouilles des marchés, il n’y a rien à acheter.

Les rues se préparent pour la fête du samedi après-midi, c’est habituel, le régime cubain n’est pas opposé à ce que le peuple s’amuse un peu. Nous mangeons du porc grillé banane à un stand pour presque rien et nous profitons des glaces à 1 peso local.

Etienne se fait couper les cheveux, c’est un évènement qui a failli mal tourner, le coiffeur réclamant plus que ce qui était convenu. Mais il a eu droit à la totale avec masque à l’argile, serviettes chaudes, etc…

Nous trouvons à acheter 6 pains et 4 cakes dans un magasin d’état, où il y a des queues jusque sur le trottoir, ça aussi c’est habituel !

Nous achetons aussi des maracas et des claves que nous mettons aussitôt en service en accompagnant un orchestre portoricain sur la place Cespedès, la place principale de la ville.

Le soir, un grand orchestre donne un concert sur la place, cela commence par l’hymne national.

dsc01256.jpg

la cathédrale de Santiago

dans les jardins du gouverneur

 

Dimanche 6 février :

Dernier jour à Cuba. Bruce va chasser ce matin, je l’accompagne. Cela s’avère être une véritable aventure, d’abord en 4x4 inconfortable jusqu’au spot de pêche. Bruce reviendra bredouille, il n’y a pas de poissons, la mer est déserte.

Nous en profitons pour acheter des fruits et des œufs au marché du port, guidés par Danielo, avant de rentrer au bateau.

Le départ est compromis aujourd’hui puisqu’il nous reste à nettoyer le bateau de sa couche de pétrole et Bruce veut encore ressortir pour faire de l’internet et une dernière balade en ville.

Finalement, en soirée je laisse mes coéquipiers qui tiennent à faire une dernière virée en boîte et je rentre seul en moto taxi, toute une aventure !

 

Lundi 7 février :

Ce matin nous attendons les autorités pour les formalités de sortie en faisant les derniers bricolages.

Tout se passe bien et à 13h, nous larguons les amarres, en route sur le Panama et son canal et les îles San Blas.

 

Adieu Cuba, nous aimerions y revenir un jour, l’équipage est unanime.

 

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