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Transat de

Transat 2015 de "Lotus"

 

Composition de l'équipage :

Julien 1 : propriétaire, skipper et 1ère transat

Julien 2 : équipier, aventurier, 1ère transat

JF : co-skipper, 4ème transat

 

Le bateau : cata Privilège 465 :

longueur 14m95, largeur 7m33, poids autour de 13t, surface de voile : 130m2, 4 cabines.

 

Samedi 9 mai 2015 :

Après 12 jours de préparation à la marina Fort Louis à St-Martin, et bien que tous les problèmes ne soient pas réglés, nous décidons de partir. Un bateau n'est jamais totalement prêt et il y a toujours à bricoler en navigation.

Dès les amarres larguées, les inverseurs nous mettent en difficulté en se bloquant intempestivement. Nous n'arriverons pas à solutionner ce problème et toutes nos manoeuvres de port seront scabreuses, voire même impossibles.

Lotus 2

 

Notre première étape est très modeste, il s'agit d'aller mouiller à Grand Case, la baie juste à côté.

L'ancre Spade nous prouve dès la 1ère nuit qu'elle mérite sa réputation dans un mouillage rafaleux et tourbillonnant. Elle sera à la hauteur à chaque fois et surtout à la veille de notre arrivée, en tenant bon sous des rafales à 50n à Rosas aux abords du cap Creus.

 

Dimanche 10 mai 2015 : 07h : nous repartons, malgré des alizés à 25/35n, ça décoiffe. Nous ne pourrons pas mouiller à Dog Island comme prévu, l'abri est insuffisant et nous continuons vers les BVI à allure réduite, pour ne pas arriver de nuit. La nuit fut rude et longue pour une 1ère, on espérait mieux comme mise en jambes.

Lundi 11 mai : Nous resterons 24h au mouillage à Copper Island pour récupérer.

Mardi 12 mai : Nous partons pour The Baths à Virgin Gorda, l'endroit est somptueux. Baignade pour l'équipage. Nous resterions bien ici et chacun choisit sa villa avec sa plage aux pieds du jardin.

Nous rejoignons un mouillage au nord de l'île, pour gagner quelques milles dans la bonne direction, si nous partons demain.

Le mouillage est venteux, comme d'habitude.

Mercredi 13 mai : 07h : Départ pour les Bermudes, le vent a molli à 20/30n, notre vitesse de 9n. Il faut prendre un ris le vent remonte à 35n.

Jeudi 14 mai : le vent d'est variable en force nous oblige à des manoeuvres de voiles incessantes. Bon entraînement pour la traversée.

Vendredi 15 mai : Vent faible de NE, alternance moteurs et voiles,

journée bricolage : moteurs, changé les écoutes de génois, fait des surliures sur tous les bouts, replacé la latte supérieure de GV qui se faisait la malle.

Samedi 16 mai : cap au nord, vent de NE

Dimanche 17 mai : Mer belle, toutes voiles dehors, cap au près au NW. Le vent de N/E nous oblige à aller vers les USA, pas top !

Pris notre 1er poisson, enfin, riz-poisson à midi. Nous sommes légers en matériel de pêche, heureusement notre équipier Julien est un acharné et il arrivera à tirer le maximum de notre pauvre boîte de pêche.

Pris une dorade coryphène le soir, miam.

Lundi 18 mai : vent nul et capricieux, comme les moteurs.

Un 3e poisson mord au lever du jour.

A 18h, le vent monte 30/38n, on prend 2 ris et on roule du foc, pointes à 10n.

Le vent monte encore, on amène la GV pour la nuit et on continue avec le foc seul avec beaucoup de tours.

Mardi 19 mai : Vent 25n, on déroule le foc et renvoi de la GV avec 2 ris, cap au 70°. Bientôt on largue les 2 ris, vitesse 6/7n.

On continue sur les Bermudes au moteur avec un vent faiblissant. Vu des souffles de baleine au loin.

Nous longeons la côte est des Bermudes du sud au nord en admirant le paysage. Le chenal d'entrée est situé au nord de l'île.

20h00 : magnifique entrée de nuit dans le lagon de St-Georges. Le calme intégral est impressionnant, surtout après une semaine agitée.

Mercredi 20 mai : on récupère, on visite St-Georges et on bricole mille choses sur le bateau : fixé le serre-casseroles sur la gazinière, sanglé le radeau de survie dans son coffre, fixé le lazy-bag en bout de bôme, remis l'embout de latte du haut, nettoyé le speedomètre, refait les niveaux moteurs, vérifié tous les serrages GO et électriques, nettoyage des cales moteurs, changé la courroie d'alternateur bâbord.

Jeudi 21 mai : tourisme à Hamilton. Les Bermudes sont toujours aussi belles et dépaysantes avec ses maisons colorées et ses toits blancs. Mes équipiers sont d'accord avec moi, le détour valait le coup. Dommage que la vie soit si chère !

22h00 : appareillage pour les Açores, délicat par nuit noire car les balises de l'étroite passe The Cut ne sont pas toutes éclairées. Heureusement la carto sur écran est rassurante.

23h20 : passée la dernière balise du chenal, nous envoyons les voiles, cap au 70°, vent SO 20n, vitesse 7n. C'est parti pour la transat.

Vendredi 22 mai : soleil, ciel dégagé, vent de SO 20n, vitesse 6,5n.

Samedi 23 mai : 2e nuit de bonne navigation à 7n de moyenne. Le vent faiblit, envoi du spi.

On a vu des cachalots. On amène le spi avant la nuit. Le vent tourne au NE, pile dans le nez.

Dimanche 24 mai : le vent a forcit pendant la nuit, pris 1 ris et roulé moitié foc.

7h45 : nous croisons l'Hermione en route vers les USA, rencontre improbable et extraordinaire, tel le vaisseau fantôme surgissant de la brume matinale. Nous entrons en contact VHF et faisons quelques photos, brumeuses hélas.

Lundi 25 mai : Manoeuvres de voiles permanentes pour adapter les voiles selon le vent et le cap. On double un voilier.

Mardi 26 mai : le groupe électrogène nous lâche. Nous doublons un autre voilier.

Début de nuit tapageur, le vent est fort, nous loffons de 10° pour ralentir et amortir les chocs. Il faut ménager l'équipage et le bateau, tout en avançant vite.

Mercredi 27 mai : la situation s'améliore, nous en profitons pour réparer la pompe à eau du groupe, nous reconstituons un impeller en récupérant l'axe du vieux et les aubes d'un impeller Volvo usagé. Le plus surprenant c'est que ça marche ! Encore plus surprenant, la pompe fonctionnait toujours avec 3 pales  sur 12 pour l'ancien impeller !

Jeudi 28 mai : nous remettons les vieilles écoutes du génois, les neuves (achetées chez Budget à prix d'or) s'écrasent trop et ne bloquent pas dans les spinlocks.

Nous voyons beaucoup de bateaux : cargos et voiliers

Vendredi 29 mai : voiles ou moteurs, selon le vent, cap direct sur les Açores.

Samedi 30 mai : idem, le genaker fait son boulot.

Dimanche 31 mai : On envoie le spi. La têtière métal de la GV a cassé, pourtant réparée avant le départ. Nous la remplaçons par des bouts sur les coulisseaux. Le groupe est à nouveau en panne, notre impeller à la Mac Giver n'a pas tenu.

Lundi 1er juin : on alterne le spi avec le genaker et les moteurs, toute la journée.

Mardi 2 juin : le groupe démarre, nous avons recollé notre bricolage, ça marche. Le dessal nous fait de l'eau saumâtre, la membrane est sans doute à changer. Pas de problème pour l'eau, nous avons des réserves en bouteilles.

Voile ou moteur selon le vent.

Mercredi 3 juin : nous approchons des Açores, manoeuvres incessantes comme d'hab !

Jeudi 4 juin : nous accostons au quai à carburant à Horta (île de Faïal), avec un gros choc en prime, merci les inverseurs. C'est le rdv incontournable des atlanticos, et il faut laisser en souvenir une peinture sur la digue du port.

Formalités, changement de place, appros au Continent et visite le soir au café Sport, chez Peter. Tous les équipages du port sont là.

Vendredi 5 juin : pluie bretonne.

Trouvé impeller pour le groupe et mastic pour réparer la jupe bâbord.

Lavé linge, plein d'eau et réparation jupe.

Nous repartons avant la nuit.

Samedi 6 juin : nous débarquons à Ponta Delgada (île de Sao Miguel). Formalités et promenade en ville.

Dimanche 7 juin : Tour de l'île en voiture, pas de chance les sommets sont dans les nuages. Je voulais revoir le lac des Sete Cidades, raté c'est invisible depuis la crête du cratère.

Nous repartons avant la nuit pour Gibraltar, à 950 milles. Un beau maquereau nous accompagnera.

Lundi 8 juin : toujours des manoeuvres de voiles

Mardi 9 juin : Moteurs ou voiles et réparations au menu, ainsi qu'un thon de 2,5kg. Il est rejoint en fin d'après-midi par un copain de 8kg. Le thon c'est bon !

Mercredi 10 juin : valse hésitation entre génois et genaker, nous sommes maintenant bien rodés pour les manoeuvres.

Jeudi 11 juin : remplacement de notre impeller de fortune par le neuf, le groupe ronronne à nouveau. On en profite pour regarder un épisode des "Têtes brûlées", c'est le pied !

Vendredi 12 juin : génois, genaker, spi au choix.

Samedi 13 juin : le spi a tenu toute la nuit. On approche de Gibraltar, les bateaux sont nombreux, le radar est sollicité pour épauler la veille optique permanente.

Dimanche 14 juin : On coupe le rail rentrant dans le détroit, puis le rail sortant en nous rapprochant de la côte.

18h50 : on passe la pointe de Tarifa et le détroit dans la foulée avec vent et courant favorables, magnifique. On croise des baleines. Le vent tombe et nous admirons le rocher de Gibraltar tranquillement. Au moteur nous retrouvons heureusement le courant rentrant pour le reste de la nuit.

Gibraltar

 

Lundi 15 juin : spi ou moteur. Bientôt nous surfons sur les vagues sous spi avec du vent arrière jusqu'à 40n, Julien fait une pointe à 13n et moi à 16n et on passe le cabo de Gata à 18h30, le vent se tasse. Quelle journée !

Mardi 16 juin : festival de moteur.

10h50 passé le cap Palos

Mercredi 17 juin : 01h35 passé le cap de la Nao. On aperçoit les lueurs d'Ibiza à 50M sur tribord et les lueurs de Valence à 54M sur bâbord.

Jeudi 18 juin : la remontée de l'Espagne est longue, les moteurs sont sollicités.

Vendredi 19 juin : 0h30 passé le cap San Sebastian et le vent monte aussitôt jusqu'à 40n dans le nez. Connaissant le secteur, je ne veux pas tenter le diable, nous renonçons à passer le cap Creus pour nous abriter dans la baie de Rosas.

04h30 : mouillé un peu au hasard à l'abri de Rosas, le cap Creus est immangeable dans ces conditions.

7h00 : départ des chalutiers de Rosas, on dirait un départ de F1.

8h30 : nous tentons le passage en vain, le vent de nord reste trop fort, nous mouillons dans une cala. Pourquoi se faire secouer quand on peut se mettre à l'abri, et on ne voudrait pas casser quelque chose le dernier jour.

Les rafales sont dangereuses, nous dégageons vers la cala Montjoi voisine apparemment plus abritée.

Hélas le vent tourne et les rafales descendent des collines jusqu'à 50n, le mouillage tient bon, mais nous réinstallons la patte d'oie pour stabiliser le bateau.

Samedi 20 juin : beau décor, mais le coup de vent est toujours là avec ses rafales violentes. On patiente jusqu'à demain.

Dimanche 21 juin : beau temps, le vent s'est calmé, à 08h00, appareillage vers le cap Creus que l'on passe à 9h30. Enfin !

Quelques problèmes moteurs : changement filtre à GO à tribord, nettoyage préfiltre, alarme de pression d'huile. Tout rentre dans l'ordre.

16h30 : nous sommes amarrés au quai d'accueil de Port Leucate, nous n'avons pas pu prendre notre place à cause de nos inverseurs bloqués. Il fallait bien une petite chaleur pour marquer l'arrivée.

Lundi 22 juin : Ptit déj avec baguette et petits pains au chocolat, que c'est bon !

Nettoyage, rangement, bâchage.

14h30 : nous prenons notre place nouvelle définitive avec l'aide du zodiac de la capitainerie, nos inverseurs ont encore bloqué.

Nettoyage et rinçage à grande eau. Poncé jupe bâbord.

Mardi 23 juin : la tramontane s'est levée, je renforce l'amarrage et protège les amarres.

Consultation des mécaniciens du port pour les inverseurs. Mastic sur jupe bâbord.

Julien 2 a trouvé un vélo pour rentrer à Lyon ! Pas de problème pour lui, avant d'embarquer sur Lotus, il venait de faire l'Amérique du Nord au Sud à vélo. Alors, Port Leucate-Lyon c'est une promenade de santé pour lui.

Pour nous, retour à la maison de nuit, pour changer, mais en voiture !

 

Conclusions : le bateau est sécurisant et il a rempli sa mission, même si j'espérais aller plus vite. Il faut me rendre à l'évidence, le Privilège 465 n'est pas un cata de course, je le savais, mais on espère toujours. Il sera sans doute plus à son affaire dans les alizés lors des prochaines navigations.

Les manoeuvres sont physiques et le gabarit du bateau oblige à préparer sérieusement les manoeuvres d'entrée et sortie de port, surtout avec des inverseurs défaillants. Mais mes jeunes co-équipiers ont assuré les manoeuvres avec efficacité pendant tout le voyage, je peux dire qu'ils sont maintenant des marins confirmés.

Nous avons presque toujours appareillé avant la nuit pour gagner du temps.

Les conditions météo n'étaient pas favorables, avec un alizé musclé au départ et ensuite nous n'avons jamais trouvé le vent d'ouest attendu, car l'anticyclone des Açores était très au nord et y est resté tout au long de notre traversée. Heureusement Lotus nous a montré qu'il était performant au près, même si cela reste parfois inconfortable pour l'équipage, nous avons tenu notre plan de route.

Comme souvent, c'est la dernière nuit que nous avons rencontré les conditions les plus délicates avec un coup de vent établi dans le golfe du Lion, avec des rafales à 50n, nous empêchant de passer le cap Creus en toute sécurité.

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