Transpacifique de Poé Maïa (2011)

De Panama aux Marquises (23 mars au 27 avril 2011)

Mon Journal de bord

Mercredi 23 mars 2011

Panama, mouillage de Las Brisas (côte Pacifique)

Dernière journée avant le grand départ, il reste encore beaucoup de choses à faire : récupérer nos passeports et le Zarpe de sortie auprès de Tito ; Récupérer nos bouteilles de camping gaz que nous avons confiées à un chauffeur de taxi pour la recharge, il se fait prier pour les ramener ; faire les courses au marché de Panama pour les fruits et légumes.

Finalement nous récupérons nos bouteilles de gaz avant midi, ouf !

Le grand marché de Panama, permet  d'acheter des fruits et des légumes à des prix enfin raisonnables, il vaut mieux éviter les supermarchés où les prix sont exorbitants. Evidemment c'est une vraie expédition, heureusement sur place nous trouvons un porteur qui entasse nos achats sur son chariot. Le retour en taxi est assez folklo avec notre chargement, il traîne un peu par terre.

Plusieurs voyages en annexe sont nécessaires pour transborder le tout sur le bateau, heureusement pour une fois, le mouillage de Las Brisas est calme.

Nous arrivons à caser tout ça dans les rayons, et les fruits sont étalés à côté de ma couchette, c'est plus facile pour surveiller l'évolution du mûrissement et du pourrissement.

Le soir venu, Tito apparaît enfin avec nos passeports et le Zarpe, il était temps. Il faut reconnaître que Tito est débrouillard, il connaît toutes les astuces pour les formalités du passage du canal de Panama et il n'est pas cher ! Mais il faut s'adapter à la notion du temps des Panaméens.

Enfin, tout est bien qui finit bien, l'équipage au complet : Bruce, Eric et moi, profitons d'un dernier repas au restaurant avec une dernière glace au dessert et hop au bateau !

A 23h, nous appareillons enfin pour la Polynésie

Vent arrière faible, nous envoyons les voiles pour cette 1ère nuit de traversée.

Quelle journée !

 

Jeudi 24 mars

Vent faible toute la nuit, on voit encore les lumières de Panama au lever du jour. A 2 noeuds de moyenne (parce qu'il y a du courant favorable), on n'est pas arrivé aux Perlas et encore moins à Tahiti.

Nous longeons les Perlas par l'ouest, toujours à faible vitesse.

Le vent accélère enfin et nous aussi. On mouille au passage à Pédro Gonzales. La chasse sous marine de Bruce ne donne rien, l'eau est trouble, par contre nous récupérons des noix de coco et des mangues.

On repart pour le sud de l'île del Rey, à 1h nous mouillons à Rio Cacique, où nous espérons faire le carénage demain matin.

 

Vendredi 25 mars

Hélas la houle de sud rentre comme chez elle, rendant impossible tout échouage sur la plage. Le tuyau du guide de croisière s'avère troué ! Nous cherchons une autre solution, la pointe Coco toute proche est protégée de la houle, mais pas suffisamment à notre goût.

Nous retournons à Pedro Gonzales, où il y a un coin qui semble plus protégé. Un jour de perdu !

Entre les 2 îles nous traversons une ligne de partage des eaux entre 2 courants contraires : au sud l'eau était bleue, au nord vert sale et toutes les cochonneries du secteur étaient rassemblées là. Impressionnant au point que nous virons de bord pour éviter une zone de remous et d'écume.

Nous remontons une bonite à la ligne de traîne, puis un petit thazard à taches jaunes et enfin une grosse carangue, on arrête le carnage.

A 14h45, nous mouillons devant le village de Pedro Gonzales, il y a une belle plage en pente douce et l'endroit est super calme et idéal pour le carénage.

La police donne son accord pour un échouage sur la plage, il faut maintenant attendre la marée basse de demain matin.

Nous profitons du temps libre pour la visite du village (voir page Pedro Gonzales).

 

Samedi 26 mars

11h, échouage sur la plage, sans problème.

Carénage sur la plage, les enfants du village s'approchent pour voir de plus près. Marcel vient nous prêter main forte pour démonter les hélices et faire le plein de gaz oil. Nous grattons les coques qui étaient très sales, l'essentiel de l'antifouling passé avant le départ de France est parti, nous n'en remettons pas, nous espérons que les coques ne se saliront pas pendant la traversée.

Vidange des embases et remontage des hélices. Vérification de la tête de mât.

19h, nous flottons à nouveau. Retournons à terre participer à la fête du village.

22h, une petite brise se lève qui nous encourage à appareiller sans tarder pour les Galapagos

Nous avons bien fait, le bateau glisse comme dans un rêve sur une mer plate et sous un ciel étoilé.

 

Dimanche 27 mars

La nuit fut calme et efficace, nous avons fait de la bonne route

8h, nous avons franchi la ligne de séparation entre le courant du Panama, favorable, et le courant de Humbolt, défavorable et froid. Nous perdons un noeud de vitesse sur le fond.

Le vent tombe, la vitesse aussi, heureusement le courant s'inverse à nouveau (+2n)

La journée est belle, nous croisons des groupes de dauphins, de baleines et de globicéphales, sans oublier 3 porte containers.

Les globicéphales sont venus tout près du bateau et nous ont accompagné un moment.

A la tombée du jour un gros thonier nous croise de près, des dauphins s'amusent dans sa vague d'étrave, ils font des acrobaties extraordinaires sur fond de soleil couchant.

 

Lundi 28 mars

Pétole toute la nuit, seul le courant nous poussait dans la bonne direction. Pénible !

9h, le vent revient timidement et se renforce, le bateau accélère aussitôt, 3, 4, 5 noeuds. Le bonheur !

Le soleil est voilé par les nuages, c'est appréciable.

Sur le coup de midi, je prends 5 petites bonites à la suite, le repas est assuré.

Le vent varie en force tout au long de la journée et nous terminons au moteur.

Echange de mails avec les familles grâce à l'iridium. Les nouvelle sont bonnes.

Le vent revient de face pendant la nuit.

 

Mardi 29 mars

Sur le matin le vent monte à 15n ce qui nous permet de tailler de la route vers le sud.

L'après midi le temps est orageux et soudain un énorme grain de pluie nous tombe dessus, la visibilité est nulle.

L'équipage en profite pour laver le bateau, le linge et les hommes et faire des réserves d'eau.

Un énorme bateau surgit de nulle part et nous dévions notre route pour l'éviter, ouf !

A peine remis de notre frayeur, un autre gros cul nous passe au ras des moustaches. Nous allumons le radar, car nous sommes toujours aveugles.

Même en plein océan, il faut rester sur nos gardes, c'est pour cette raison que nous assurons une veille permanente de jour comme de nuit.

Nous nous demandons si eux nous ont vu ?

Le vent tourne et nous mettons le cap sur Malpelo, un rocher isolé au milieu de l'océan.

19h, un autre gros bateau passe devant nous pas loin, décidément c'est notre jour.

Moteur en route pour sortir des calmes.

 

Mercredi 30 mars

Après une nuit calme, le vent monte sur le matin. Le bateau accélère vers Malpelo.

12h30, une bonite monte à bord, on l'a un peu aidée, bienvenue.

12h45, nous apercevons Malpelo sur babord.

Un espadon fait des bonds spectaculaires, mais trop loin sur notre arrière.

Moins agréable, un petit requin s'est approché de nous, nous remontons les lignes par prudence.

Le soleil revient enfin.

Nous recevons un appel VHF de la garnison de Malpelo qui nous a repéré, ils veulent connaître nos intentions !

Malpelo

Nous ne savions pas qu'il y avait du monde sur ce caillou perdu et nous envisagions de faire un petit stop si possible, même si c'est interdit.

N'allons pas nous mettre dans les ennuis, nous poursuivons notre route vers les Galapagos.

Eric se lance dans la préparation d'un mémorable lentilles-carottes. Je dois reconnaître ici que mes camarades sont plus intéressés par la cuisine que moi. Ils se partagent cette tâche que je trouve ingrate, je me contente de faire la vaisselle. Tout le monde y trouve son compte.

Nous remettons les lignes à l'eau et bientôt le moulinet vide sa bobine à toute allure. Bruce se jette sur la canne et commence à se battre avec ce qui doit être un gros morceau. Le moulinet est brûlant et nous l'arrosons pour le refroidir !

Après 10 minutes épuisantes, le combat cesse soudain, tout a été emporté par un encore plus gros bestiau : notre poisson, le rapala tout neuf que Bruce venait tout juste de monter et le bas de ligne. Bruce est déçu et fatigué, d'autant plus que nous perdons aussi un gros poulpe sur une autre ligne. Il y a des jours comme ça !

 

Jeudi 31 mars

La nuit est calme, cap au 160° à 3/5 n.

Le soleil est là dès le matin, le bateau vire tout seul au 270°. Je précise que nous sommes en permanence sous pilote automatique, c'est bien pratique.

9h, nous remettons en route au 170°.

Je sors le pain de mie qui commençait à moisir après une semaine, pour le sécher au soleil. Eric se marre, il l'avait prédit, heureusement pour nous, ses concombres commencent aussi à pourrir ! Hi-hi

J'en profite pour vérifier nos oranges (2 sacs de 10kg)

12h, moteur pour remplacer le vent qui est tombé.

L'océan est vide, il ne se passe plus rien.

Des belles tranches de bonites viennent agrémenter l'ordinaire.

18h, on repart à la voile au 270° à 2.5n

Bruce se lance dans la préparation d'une énorme crêpe épaisse à la banane pour les 4 heures. Je garde ma part pour le soir.

Il est déjà le 1er avril en France, c'est l'anniversaire de ma femme, je ne l'oublie pas, on a beaucoup de temps pour penser en grande traversée, c'est même la principale occupation.

En attendant, on se traîne à 2n, courant et vent dans le nez.

Eric se lance à son tour dans la cuisine avec ce soir des bananes plantins bien mûres flambées, elles sont aussi bonnes et sucrées que les bananes dessert.

Je me suis régalé ce soir.

20h, le cap s'améliore, ah si le vent pouvait forcir un peu !

 

Vendredi 1er avril

Joyeux anniversaire France, elle a eu son cadeau et des fleurs, c'était une surprise préparée à l'avance avec une de mes filles.

Les batteries ont viré au rouge cette nuit, j'ai coupé le frigo.

La mer est vide, on se traîne, les fruits mûrissent à toute vitesse. Je fais sécher des bananes.

 

Cap au sud, un peu de moteur pour avancer.

Un bateau croise derrière nous à l'horizon.

 

Samedi 2 avril

Le vent était favorable cette nuit, nous avons bien marché malgré le courant (-1.5n).

Le courant faiblissant et la montée du vent nous propulse à plus de 5n.

15h, évidemment ça n'a pas duré.

La mer est vide à part quelques oiseaux et poissons volants. Rien ne mord à l'hameçon.

A midi nous avons changé la bouteille de gaz (nos camping gaz tiennent 15 jours, nous en avons 5 pour la traversée).

Nous passons le temps en visionnant les DVD d'Antoine sur les Antilles et la Polynésie.

Le vent faiblit sur le soir, comme d'hab, alors un petit coup de moteur pour aller de l'avant.

Le vent revient dans la nuit et nous avançons jusqu'à 9n, ça change

 

Dimanche 3 avril

 Beau soleil ce matin avec un vent faible.

J'ai mis à sécher une bonne partie de nos 3 régimes de bananes.

Un peu de musique au programme du jour. Depuis le départ d'Etienne l'ambiance musicale est retombée, même si on écoute souvent du Brassens et de la salsa de Cuba.

Un peu de moteur le soir pour accélérer car le vent reste mou.

Croisé un bateau de nuit.

 

Lundi 4 avril

Vent faible qui monte jusqu'à 15n, notre vitesse jusqu'à 8n.

Remplaçons le gennaker par le génois, le vent ralentit peu après.

Pêche : + 4 bonites, - 2 leurres

 

Mardi 5 avril

Pendant mon quart de 1h à 4h, le vent faiblit avec la vitesse.

A 2h, je roule le gennaker et démarre le moteur babord. On fait du 3 n.

A 4h, on démarre le 2e moteur

A 8h, le vent revient, stop machine et envoi du gennaker : vitesse + 4n.

Le vent ne tient pas et on remet le moteur.

15h30 : encore 3 milles pour l'équateur, Neptune se prépare pour la cérémonie.

Equateur

17h13 : nous passons l'équateur. Cérémonie de passage, suivie d'une baignade, l'eau est chaude.

Aucun des équipiers n'avait passé l'équateur en bateau, il fallait donc marquer le coup pour suivre la tradition de la Marine.

cérémonie de passage de la ligne

19h, une bonite s'invite à la fête.

Voile ou moteur toute la nuit, au choix, ou presque car le moteur babord ne charge plus et le moteur tribord refuse de démarrer !!

Bruce réussit à le démarrer à la clé à molette, la batterie est nase.

 

Mercredi 6 avril

Grains de pluie et de vent, il fait gris et frais, puis le soleil revient.

10h, la terre est en vue.

Le cockpit est transformé en atelier de mécanique avec l'alternateur babord ouvert sur la table.

Bruce le remonte : ça charge pas.

Dans l'après-midi on échange les alternateurs, sans plus de succès.

Redémontage de l'engin : soudure d'une diode, remontage et miracle ça marche. Soulagement général !

19h, le soleil est déjà couché, nous approchons de San Cristobal en compagnie des otaries.

Un énorme grain nous tombe dessus, je suis obligé de rester à la barre, car le pilote ne tient plus le cap, il zigzague.

Allumage du radar,  on ne voit plus rien et il y a des rochers à éviter. Je fais le tour pour nous laisser une porte de sortie en cas de difficulté supplémentaire.

23h20, nous sommes enfin mouillés à Barqueriza Moreno, le port de San Cristobal.

Le ciel s'étant dégagé, nous avons pu repérer la Croix du sud.

 

Jeudi 7 avril

Toute la nuit, les otaries sont montées sur le bateau par les jupes arrières, je me suis levé plusieurs fois pour les chasser. Ce matin, il restait un couple qui a passé la nuit à bord, quel sans gêne.

 

Nous voyons enfin les bateaux au mouillage, ça roule pas mal car la baie est ouverte et peu protégée.

Les otaries ont tout sali et ça colle. Notre voisin, un cata français qui va aussi à Tahiti, a prévu le coup et installé des planches qui ferment les jupes. Un connaisseur !

On a eu la visite d'un taxiboat qui doit revenir avec les autorités et du gaz oil.

On attend. Bruce va inspecter les coques, elles sont déjà recouvertes d'anatifes, quelle plaie !

Il fait une chaleur d'enfer. Les formalités sont faites grâce à notre intermédiaire qui nous évite de payer les droits exorbitants demandés en prétextant une escale technique pour réparer une avarie. C'est prévu dans le règlement.

Nous allons à terre en taxi : nous allons au restau et faisons les courses (fruits frais chers) avant de revenir au bateau.

Le plein de gaz oil se fait sous un grain.

Nous retournons à terre acheter quelques souvenirs et nous dînons en ville.

Retour au bateau à la nuit. Il y a des otaries partout, dont un gros mâle sur la table du cockpit, je vire tout le monde.

Les otaries sont protégées aux Galapagos, elles en profitent pour squater partout, les bateaux, le village. On admire la première et au bout d'une nuit on les déteste toutes, en plus ça pue et c'est dégueulace !

 

Vendredi 8 avril

Il pleut encore, les otaries nous ont fait ch... toute la nuit, c'est pénible à la fin.

8h, nous appareillons pour les Marquises. Temps bien bouché.

Nous réparons les dégâts occasionnés par les otaries : câble du bout dehors cassé et nettoyage des jupes recouvertes de merde.

On récupère de l'eau de pluie qu'on stocke dans la glacière.

On passe à raser le rocher Dalrymple (5 doigts) pour faire des photos.

 

Cap au sud pour trouver les alizés au plus vite, ils ont l'air bien établis et à leur place vers 3° sud.

Les ennuis ne tardent pas et le pilote continue de débloquer. Nous essayons de le réinitialiser en faisant des ronds dans l'eau. Rien n'y fait, Bruce se lance dans les démontages-remontages, sans beaucoup de succès.

Le cata français parti après nous, nous rattrape, c'est un Catana 50, il est plus rapide que nous, surtout quand on fait des tours de manège.

Le soleil revient et l'après midi est très agréable, nous avons vue sur plusieurs îles de tous côtés.

Le coucher de soleil sur Floréana est somptueux.

Le vent reste faible et nous mettons au moteur pour faire du sud.

Nous perdons 2 leurres sans rien prendre.

Le catana est loin devant nous à la nuit.

 

Samedi 9 avril

Pluie et moteur toute la nuit, mais le soleil revient ce matin.

Pêché une dorade coryphène, ça sent l'alizé !

A midi : poisson cru à la tahitienne.

5h, nous envoyons le gennaker et coupons enfin les moteurs.

Nous attrapons 4 bonites, nous avons à manger pour plusieurs jours.

Nous avons l'impression d'avoir touché les alizés, le vent monte à 15n et nous filons à 7/8n dans une mer qui se forme.

La nuit est partagée entre accalmies et accélérations, mais ça avance.

 

Dimanche 10 avril

reste 2790 M, on est bien dans les alizés, le vent monte et la mer se forme, ça secoue et ça tape.

Heureusement le pilote contrôle à peu près le cap, nous sommes rassurés, car l'idée de barrer en permanence, bof !

Il faut s'habituer au rythme des alizés, ça remue vraiment, car on a plus que les 10/15n de vent prévus.

136M parcourus à midi.

On prend un ris pour la nuit et on remplace le gennaker par le génois

 

Lundi 11 avril

4h, renvoyons le gennaker, mais on garde le ris de la GV

12h, reste 2627 M pour les Marquises

Bonite à midi et pastèque en dessert.

Surprise, on se croit loin de tout et un bateau surgit à l'horizon sur babord !

Mail d'Elodie qui arrive à Hiva Hoa le 15 avril. On ne se rencontrera pas en mer comme nous en avions rêvé.

Remplacé la bosse de ris n°1 bien entaillée, les réas internes de la bôme sont abîmés, nous avons essayé de les remplacer à Panama. On bricole pour la protéger du ragage futur.

Pris une bonite avant la nuit.

Nous larguons le ris pour compenser la baisse du vent.

 

Mardi 12 avril

reste 2475 M. 166M en 24h, moyenne 7 n

Le vent se renforce, on reprend le ris et repasse sous génois

8h, envoyé le vieux gennaker à la place du génois, largué le ris, vitesse 7/8 n

Le vent monte, la mer grossit, vitesse 8/9 n

Matinée ménage : pas facile, mais ça ne fait pas de mal.

Bonite riz à midi, sans surprise

16h, un bateau à l'horizon sur babord

Moteur le soir et la nuit pour charger les batteries

 

Mercredi 13 avril

8h, renvoyé toute la toile, le vent est faible, heureusement le courant est favorable.

Reste 2300 M

12h : 173 M parcourus en 24h, la moyenne monte

14h : pris une dorade coryphène

14h30 : une 2eme plus grosse

Mail à Elodie

Les batteries sont faibles, l'éolienne ne charge pas (elle ne tourne pas assez vite au portant), et les panneaux solaires n'ont pas eu leur dose de soleil et on consomme trop (surtout l'ordinateur), il faudra faire du moteur.

 

Jeudi 14 avril

reste 2120 M. Bien marché toute la nuit avec vent et mer modérés

Ce matin ça monte : vent, mer, vitesse et moyenne

La mer monte, on prend un ris GV

A midi : 188M au compteur

16h : moteur tribord pour charge et dessal

Mail d'Elodie qui arrive demain à Atuona, soit une douzaine de jours d'avance sur nous, dommage. Elle va survoler l'île avec son hélico

 

Vendredi 15 avril

8h : une semaine de traversée, 1000M parcourus, on va vite et ça secoue.

J'ai fait une pointe à 14,7n cette nuit.

Le temps est nuageux ce matin, pas terrible pour la charge.

12h : 184 M, reste 1912 M, on change d'heure, il est 11h.

Le vent est faible, on se traîne, la mer s'apaise enfin.

17h, moteur pour charger. Un grain de pluie nous tombe dessus.

 

Samedi 16 avril

162M, reste 1750M

On renvoie le ris GV, on gagne un nœud.

On est presque plein vent arrière, on va moins vite même avec du vent et de la mer.

Bruce nous a préparé un gâteau au chocolat.

Le vent revient

Pris une dorade coryphène

Mail à la famille

Le vent est remonté à 25 n, on prend un ris, il retombe aussitôt

 

Dimanche 17 avril

174M, reste 1569

Nuit de grain et journée maussade à suivre, on se traîne à 4/5n sous gennaker seul.

16h : ça redémarre avec toute la toile.

J'ai bricolé un leurre avec un bout d'écoute, on commence à manquer.

Petite toilette de l'équipage

Le soleil revient enfin.

Une pastèque a implosé, elle est immangeable, on va s'occuper des 2 restantes sans tarder.

Mon leurre fait une touche mais pas de prise. Mails de la famille

Moteur pour charge

23h : reste 1500M

 

Lundi 18 avril

172M, reste 1397 M

1h : moteur pour charge

On croise un bateau sur tribord

On va vite 7/8 n, nos 2 lignes sont coupées en même temps, il y a du gros dans le secteur et on est monté trop fin.

Le vent monte à 30n, on prend un ris, le vent baisse aussitôt, on garde le ris.

Le vent est maintenant faible et plein arrière, on amène la GV et on le remplace par le génois en ciseau.

Après-midi pourri, nous sommes cloîtrés dans le carré, Bruce fait une tarte aux pommes pour 4 heures.

la cuisine est une bonne occupation en traversée

les nouveaux jouets aussi

et la pêche

 

Sale temps, on rate un poisson, dommage, on n'en à plus en réserve.

Envoyé des mails à la famille. Elodie rentre à Tahiti.

Changement de bouteille de gaz.

Il pleut toujours, à l'abri dans le carré.

Nous perdons une ligne complète et un leurre, rien pris.

 

Mardi 19 avril

Nuit calme, on a bien marché avec gennaker et génois en ciseau

Gros grain ce matin.

On essaie le petit gennaker à la place de la GV qui fait trop de bruit, pas convaincu.

Le soleil revient enfin, mais pas les poissons.

Vent faible, on en profite pour bricoler et faire de la musique.

 

Mercredi 20 avril

133M reste 1110M

Gros grain ce matin, pluie sans vent.

Amené le petit gennaker et renvoyé la GV, on avance mieux et on accélère dans les vagues.

A midi la pluie s’arrête et le vent revient.

13h, pris un ris, ça pulse, on avance enfin.

Le vent se calme, on renvoie le ris.

Pour ne pas abîmer la GV au vent arrière, on l’amène complètement.

Envoyé les 2 gennakers en ciseau, ça marche bien et sans secousses ni bruits. Tout le monde est content.

Le soleil est revenu aussi, mais la mer reste agitée, on ne peut pas tout avoir.

Ce soit gratin dauphinois, on attend qu’un bout de viande morde à l’hameçon !

Après une petite journée, nous repartons à bonne allure.

 

Jeudi 21 avril

Comme d’hab, en prenant mon quart, les batteries sont dans le rouge, je démarre le moteur babord pour charger (1h)

C’est insuffisant à mon goût, j’espère que ça va tenir jusqu’au matin.

On avance bien : 6n sur l’eau et 7n sur le fond, grâce au courant

On passe la barre des derniers 1000 M, encore une semaine pour les Marquises

J’ai profité de mon quart pour laver mon linge, ça fait passer le temps.

Du soleil dès le matin, ça change et en plus, ça va vite.

La mer est grosse alors que le vent reste modéré. Toujours pas de poisson.

Midi : 165M, reste 950M.

On change d’heure, il est 18h30 au lieu de 19h30.

 

Vendredi 22 avril

168M reste 784M

Nuit toujours agitée par la mer, moins par le vent, mais on avance quand même.

Le cata français a donné des nouvelles, il a des ennuis de gennaker et est à une petite journée devant nous (140M).

Les batteries sont dans le rouge, les panneaux donnent bien, mais l’éolienne mouline dans le vide, et le pilote recommence ses fantaisies.

Crêpes à midi et il en reste pour ce soir. Et toujours pas de poisson.

Mécanique tout l’après-midi pour trouver les problèmes du pilote : soudures et nettoyage des connexions et à la nuit, il redémarre enfin. Ouf ! L’obstination de Bruce a payé heureusement, car nous ne nous sentions pas pour barrer tout le temps, nous sommes fatigués.

Moteur pour charger et crêpes au dîner pour terminer la journée en beauté.

 

Samedi 23 avril

Eric s’est battu avec le pilote pendant son quart, mais finalement il me passe le relais et tout fonctionne. Le bateau avance bien, malgré les alertes pilote.

On lofe un peu pour revenir sur notre route.

Reste 636M

Nous perdons encore un leurre.

14h30 : roulé le petit gennaker et renvoyé la GV, nous fonçons sur Hiva Oa.

16h, enfin une bonite s’invite à bord, elle est la bienvenue, après une semaine sans poisson.

18h : on passe sous la barre des 600M, tous les chiffres ronds deviennent des marques importantes.

Restent 4 jours à tirer à 150M de moyenne, c’est faisable.

La bonite, c’est bon !

 

Dimanche 24 avril

Nuit à fond la caisse. A 8h la barre des 500M est franchie, plus que 3 jours à ce rythme.

10h : pris une dorade coryphène avec la canne, bravo.

Belle journée ensoleillée et toujours une mer agitée. Pris un ris.

Nous finissons la bonite à midi ;

Un globicéphale est venu se frotter à la coque

20h : moins de 400M à faire, ça pulse toujours.

Dorade au dîner.

 

Lundi 25 avril

Nuit agitée et bruyante, comme d’hab.

8h40 : reste 300M (2 jours)

Pêché une petite bonite.

18h : reste 222M

Moteur pour charger et on amène la GV pour la nuit.

 

Mardi 26 avril

Renvoyé les 2 gennakers, on accélère juste ce qu’il faut.

12h : renvoyé GV, cap direct

Bruce est malade, il ne tient plus debout

15h30 : passé les 100M, ça bouge et ça fait du bruit, mais on avance.

Je reporte la position sur la carte papier pour assurer l’arrivée, je me méfie du GPS et du pilote.

20h45 : nous amenons la GV pour ralentir et arriver demain matin au lever du soleil sur Hiva Oa.

On marche encore à 5/6 nœuds avec moins de bruits.

 

Mercredi 27 avril

02h : à 25M de l’île, rien en vue

06h : nous sommes tout près, mais nous ne voyons toujours rien

6h15 : enfin on aperçoit la pointe de l’île le cap Balguerie sur tribord et l’îlot Motane sur bâbord.

Motane

07h : Tahuata se montre droit devant

7h25 : le soleil se lève enfin, le temps est très nuageux, l’aspect des îles est très déprimant. Ce n'est pas engageant !

"Gémir n'est pas de mise aux Marquises"

8h20 : moteurs, nous devons arriver vite pour soigner Bruce.

Personne ne répond à nos appels sur la VHF

Nous recalons nos montres sur l’heure des Marquises : à 8h il était 6h ici, d’où le retard du soleil.

8h : nous sommes mouillés dans la baie d’Atuona

Traversée terminée.

Nous descendons à terre et un taxi nous emmène au village. Nous laissons Bruce au dispensaire, pendant que nous faisons les formalités à la gendarmerie.

Un petit colis m’attend, c’est Elodie qui l’a laissé là il y a 15 jours.

une visite au cimetière d'Atuona s'imposait

la Polynésie, immense !

 

 

 

 

Bilan de la traversée : 19 jours pour 3000 M, c’est honorable. Cela fait une moyenne de 6.5n dont 1n de courant, ce qui n'est donc pas rapide au final et un monocoque aurait fait pareil dans les mêmes conditions. Alors que ces conditions sont  très favorables aux multicoques, le lagoon 380 a montré ses limites.

Même au milieu de nulle part, on croise des bateaux.

La pêche n’est pas assurée, mais il y a lieu d’être satisfait dans ce domaine, même si nous avons perdu beaucoup de leurres (à prévoir)

Nourriture : les bananes ont mûri vite, mais on peut les faire sécher et elles ont tenu ainsi jusqu’au bout. Les oranges ont bien tenu, même si sur la fin, elles pourrissaient vite. Nous avons fait des jus d’orange tous les matins. Les pommes ont tenu jusqu’au bout, il faut se méfier avec les pastèques, on ne voit pas l’avancement du murissement. Les concombres et courgettes ne tiennent pas jusqu’au bout, au contraire des oignons.

L’équipage a fini fatigué, le bateau bouge beaucoup et est très bruyant, il est difficile de récupérer dans ces conditions. J’ai déjà vu mieux !

Le bateau : les coques sont trop volumineuses, ce qui engendre des mouvements brutaux et un bruit infernal. On ne peut pas dire qu'il soit rapide pour un cata.

Ce qui a bien fonctionné : le dessal, même si 30L/heure c'est trop peu (nous avons consommé très peu d'eau et en avons récupéré pendant les grains) .

La cartographie sur PC et le GPS. Les voiles ont tenu le coup. Les moteurs. L'iridium, même si ce n'est pas indispensable.

Le transfo 12V/220V

Les gennakers (on peut déplacer le point d'amure d'une étrave à l'autre en passant par le bout dehors)

Ce qui a moins bien fonctionné : les alternateurs, le pilote, l'éolienne inefficace au portant, les panneaux solaires toujours à l'ombre des voiles en fin de journée (tout dépend du cap). Le parc de batteries trop faible (300A/h)

L'écoute de GV avec ses retours par le pied de mât qui engendrent des claquements incessants le long de la bôme à chaque mouvement du bateau, et nous avons vu que c'était le principal défaut du bateau. Une écoute directe sur palan arrière est plus logique, plus efficace et moins bruyante.

Ce qui a souffert : les bosses de ris (les réas en plastique internes de la bôme étaient HS et les bosses portaient sur des arêtes métalliques qui auraient dû être meulées à la construction).

 

Ce qu'on peut améliorer :

prévoir des pièces de rechange : un alternateur, un démarreur, des manilles, des poulies (dont une ouvrante), des cordages, des leurres

Dessalinisateur : 30L/h c'est trop peu, il vaut mieux choisir carrément un 200L/h.

Le parc de batteries : prévoir au moins 400 A/h

Rajouter des panneaux solaires orientables (nous en avions 2, dont un que nous déplacions quand il était à l'ombre)

La drisse de GV en direct. Le mouflage n'est pas indispensable sur un cata de cette taille et oblige à une longueur de drisse encombrante et longue à hisser.

L'écoute de GV par un palan en bout de bôme s'impose par sa simplicité et son efficacité

Les prises de ris en pied de mât auraient été plus simples et plus efficaces. Sur un cata, on peut aller facilement manoeuvrer en pied de mât.

L'annexe était trop courte, inconfortable et dangereuse (2.70), malgré son fond rigide. Je pense que 3.20 est un minimum.

Je préfère les grosses bouteilles de gaz.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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